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Nous avons tous en nous un terroriste et un enfant joyeux

(Chronique parue dans La Gazette de Montpellier en octobre 2016)

Nous sommes chacun une cellule d'un même organisme. Cette vision du monde comme fractal* s'applique à l'humanité.

La guerre serait extérieure à nous. La violence et l'insécurité de même (si l'on en croit les "nouvelles").

Considérons alors cette vision d'une société extérieure qui serait la projection de la société que nous portons en nous-même.

Nous avons ainsi un migrant déraciné en nous, un terroriste en nous, un juge, un bourreau, un extrémiste, et également un opprimé, un magicien, un enfant joyeux, un intendant, un premier ministre, un chevalier, une reine… Chacun-e sommeille ou s'active suivant les situations, suivant notre histoire personnelle.

Dès l'instant où nous considérons cela, nous reprenons une place de témoin inconditionnel et élargissons notre conscience. Nous saisissons notre pouvoir de choisir entre nier les parts de nous que nous jugeons moins valorisantes, ou alors les reconnaître, les observer, et accueillir leur manifestation dans une situation donnée comme le signal éclatant d'un besoin profond utile à la vie.

Comment attendre la paix et l'harmonie autour de nous, à l'échelle d'un pays, si nous ne les manifestons pas déjà à l'intérieur de nous-mêmes ? Si nous fuyons le chaos et la lutte qui peuvent se jouer intérieurement, entre forces de vie et forces de destruction ?

Autrement dit, comment espérer que la maison se bâtisse conformément à nos souhaits si nous ne sommes pas en mesure d'en faire l'esquisse ou le modèle réduit ?

Avec les meilleures intentions, si le monde intérieur reste inconnu de soi-même, comment espérer créer à l'échelle sociétale une municipalité, un gouvernement, une entreprise, une association, un projet collectif mû par cette conscience globale et sage qui sait entendre et canaliser les différentes parties impliquées autour de mêmes valeurs.

Pierre Rabhi dit "on peut trier ses déchets, manger bio, et exploiter son prochain".

Si le regard que nous nous portons intérieurement ne change pas, nous restons sur un vernis de positivisme, et recréons aisément des enfers relationnels, sous couvert de responsabilité sociétale, d'écologie ou de développement dit "durable".

Le lien étroit entre changement individuel et changement collectif a été théorisé.

De Socrate ("connais-toi toi-même"), à C. G. Jung ("le dialogue intérieur"), jusqu'à la symbolique de la légende du Colibri, qui a confiance dans la valeur de sa goutte d'eau, si infime soit-elle, pour contribuer collectivement à éteindre l'incendie.

L'Internal Family System ("Système Familial Intérieur", ou IFS) de Richard Schwartz propose des repères concrets pour guider ce dialogue interne.

Place dorénavant à la pratique ! Ou a minima, à la conscience du chemin à parcourir.

* (c'est-à-dire qui contient "des" mondes identiques en plus petit, qui eux-mêmes renferment des mondes, etc., tous étant reliés)