Revenir au site

Renouer le lien avec sa nature

Chronique parue dans la Gazette de Montpellier le 2/11/2017

Finalement, quel est le souci de ne pas apercevoir de terre au sol quand on traverse une ville de part en part ?

De vivre enfermé entre quatre murs du matin au soir entre école et bureau. De ne plus voir plus d'enfants jouer longuement dans les rues ?

En 2005, Richard Louv, journaliste et auteur américain a publié sous le titre "Last child in the woods" ("Le dernier enfant dans les bois") le résultat d'une enquête de plusieurs années en Amérique du Nord, où il développe le concept de "nature-deficit disorder" : le "syndrome du manque de nature ».

Il y développe les liens directs et réels entre le manque de contact quotidien avec la nature et ses impacts négatifs sur la santé de l'humain (dépression, apathie, obésité…), sur la société.

Plusieurs études canadiennes ont, par ailleurs, montré notamment le lien entre un faible contact avec la nature et l'apparition d'hyperactivité avec déficit de l'attention (TDAH), pour 5 à 10% des enfants, ou encore prise de poids voire obésité pour 1 enfant canadien sur 4.
En Europe, une étude de 2008* montre l'influence de l'environnement dans 99% des cas d'obésité, liée au manque d'accès à des espaces de nature.
A contrario un grand nombre d'études montre comment le contact direct avec la nature aide à guérir le stress et la fatigue, et stimule le développement physique et émotionnel.
Le réseau Ecole et Nature** a repris et traduit l'essentiel de ce syndrome du manque de nature en français, et valorise les remèdes.
Rapprocher dans cette même expression un constat global lourd et une solution si simple (le contact avec la nature) vise à interpeller les professionnels de santé, les décideurs politiques (aux plans économique, agricole, technologique, de l'éducation, touristique…) comme le grand public.
Ce qui est également en jeu, au-delà de ce tableau clinique et scientifique, c'est notre lien au cycle du vivant. Notre lien à notre écosystème.
 
Quand nous replaçons dans notre environnement visuel, olfactif, tactile, des arbres, des fleurs, des pousses comestibles, de la terre, nous avons un repère direct pour nous situer dans les saisons, pour nous relier à la nature, à notre nature.
Nous pouvons nous sentir plus concrètement appartenir, reliés à plus grand que nous.
Ces endroits de contemplation de la vie sont libres de tout raisonnement linéaire, principe moral étriqué ou dogme. Ils ne font qu'accomplir inlassablement l'œuvre d'une intelligence qui nous englobe tous, êtres vivants.
Nous pouvons recontacter pêle-mêle la patience, le sens de la responsabilité, la mesure de l'énergie réelle impliquée pour produire notre nourriture.
Recréer un lien avec un producteur de primeurs, planter des arbres, proposer à un enfant de mettre dans un pot de terre toutes les graines et pépins qui lui viennent en main, couvrir les sols avec des revêtements végétaux (bois broyé), repenser les aménagements des territoires de façon à minimiser les transports et favoriser le contact avec la nature, inviter les enseignants à faire régulièrement la classe dehors, laisser les enfants jouer à l'extérieur le plus souvent possible, leur laisser les feuilles mortes et les bouts de bois comme outils de découverte et supports de créativité… Quel potentiel dans nos vi(ll)es !