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La peur ou l'amour

(Chronique parue dans La Gazette de Montpellier en mars 2017)

 

 

Si l'on y regarde de plus près, tous nos choix et nos actes sont guidés par deux grandes familles d'élan : l'amour ou la peur.

Nous pouvons le vérifier avant de poser le prochain pas. Le moteur sera différent, à nous d'identifier ce que nous voulons vraiment.

En effet, nous donnons de l'énergie à ce que nous craignons, en le rendant plus présent dans notre expression en mots et en images. Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène. Et nous l'aidons alors à se manifester alors même que nous souhaitons l'inverse.

La peur rétracte, contracte, referme, sépare, cache, blesse, divise.

L'amour déploie, guérit, révèle, partage, ancre, repère.

Observons au niveau individuel, comme au niveau collectif.

En politique, le choix s'opère entre le "pouvoir sur", la logique de partis, de division, d'opposition, la manipulation et la séduction, le racisme, la ségrégation et la conscience de classes, le réflexe de chercher un maître, ou le "pouvoir avec", la coopération, l'alliance de forces, le respect et l'intégration des polarités, l'écoute avant pendant et après l'action, la souveraineté de chacun-e.

En économie, entre l'avidité, l'accumulation, la croissance illimitée, l'exploitation, le gâchis, ou l'observation des besoins réels, la coopération avec le cycle du vivant (de l'humain, des ressources naturelles…), la circulation fluide des richesses, des flux d'argent.

De même au plan de la nourriture, du rapport à la terre qui la produit.

En matière d'éducation, entre la compétition (vers une réassurance fragile sur sa valeur propre, sa place), la survalorisation du "faire", des méthodes qui incitent à être à la hauteur d'attentes de l'autre, à se plier, obéir, la coercition, l'autoritarisme, la rabotage des talents et des spécificités propres à chacun, ou le respect de l'écologie de l'enfant, de sa nature, sa raison d'être, la culture de ses dons, de sa confiance en lui, de ses élans, la présence, l'appui et l'écoute inconditionnels, le jeu, l'enthousiasme, l'émerveillement, l'équilibre entre "être" et "faire".

La peur nous pousse à nous reposer, voire s'agripper, sur un dogme, des croyances, des théories fines et habiles. A nous comparer, à nourrir ainsi la culpabilité (riche, pauvre, etc.). A ne pas accepter et à lutter contre, à enfermer. A nous divertir et à mener une quête de plaisir.

L'amour invite à accepter, pour repartir d'un autre élan, plus intégrateur d'autres points de vue, à enrichir notre compréhension du monde. A toucher la joie de faire l'expérience de qui nous sommes au fond. A vivre la simplicité, la sobriété, la liberté.

Là encore, nous avons ce pouvoir individuel de choisir.

(Chronique parue dans La Gazette de Montpellier en mars 2017)