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La forêt qui pousse

(Chronique parue dans La Gazette de Montpellier en février 2017)

Lutter "contre", semble une posture associée à la force et au courage.

"L'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse", et cette façon d'agir en s'opposant répond bien souvent à notre besoin de reconnaissance, de contribuer, voire d'exister. Mais elle peut atteindre notre intégrité physique, mentale, émotionnelle, et ne nous procure pas de réelle satisfaction, car le sentiment d'impuissance est là.

L'esprit du Colibri, qui fait sa part, illustre une autre attitude : je peux contester, défendre les limites de mon intégrité, et je peux aller plus loin, je suis libre de me mettre à l'œuvre, et d'"incarner le changement que je veux voir dans ce monde"* en créant, ou contribuant à créer, les situations, les modèles positifs, qui sont selon moi au service de l'humain, du bien commun, du vivant.

Sur une feuille blanche, nous focaliserons par conditionnement sur l'unique point noir.

Nous pouvons voir ce point noir, et célébrer en même temps l'abondance de blanc autour.

De même dans la relation à soi et à l'autre.

Nous avons les ressources pour notre bonheur en abondance en nous et autour de nous.

Notre pouvoir personnel, notre capacité à offrir notre réponse propre, disponibles à 100% à chaque instant.

La vie est dure en affaires, elle ne négocie rien pour passer, et nous bouscule sans ménagement. Et en même temps, avant de parvenir à un endroit où nous ne pouvons plus avancer ni creuser, le chemin des possibles est long. Peut-être la longueur d'une existence ?

Crises et tensions ne sont que d'infimes parties d'un tout et, mieux, des clés pour élargir notre conscience et nous permettre de sentir que nous appartenons à un ensemble cohérent.

Notre époque d'outils numériques et de réseaux sociaux permet la reliance de ces dizaines de milliers d'initiatives et offre la démonstration que l'on galvanise nos forces lorsque l'on se sent connecté à d'autres qui partagent ces valeurs et ce mouvement interne du "pour".

C'est cet élan qui anime entre autres les Colibris, ces citoyens "sans étiquettes" qui créent des écoles alternatives, des AMAP, des lieux de vie autonomes intergénérationnels, des ruchers, des jardins partagés, des espaces de pratiques démocratiques, des moments de convivialité, des outils de transformation personnelle et collective, qui travaillent à guérir leurs blessures pour prendre soin de la relation à l'autre,…

Ce sont ces fondements qui ont soutenu l'essor du mouvement des "Cittaslow", ces villes qui font le choix de densifier et préserver ce qui est présent, pas de poursuivre toujours plus vite et loin ce qui manque.

A chacun de nous d'identifier ce qui nous enthousiasme, et notre juste part.

A nous de valoriser l'énorme part de positif dans toute situation, dans toute action, de célébrer, de remplir nos réservoirs de joie.

* Invitation formulée par Gandhi